I- Extraction de l’ADN:
Toutes
les méthodes biochimiques qui permettent d’extraire l’ADN dans les différents
tissus peuvent être utilisées en fonction des espèces, et en tenant compte de
la structure anatomique des cellules. Nous prendrons comme exemple, les
cellules eucaryotes humaines, en l’occurrence les cellules sanguines qui sont
très accessibles. Pour ce qui concerne le génome humain comme pour tous les
mammifères, les leucocytes sanguins constituent une source simple de DNA pour
les études de biologie moléculaire.
Un prélèvement de 5 à
10 ml de sang recueilli sur un anticoagulant comme l'EDTA, permet d’obtenir
quelques centaines de microgrammes de DNA sous la forme de fragments de taille
supérieure à 20 kbases. Cette quantité est suffisante pour entreprendre une
expérience d’application en génie génétique.
1. La lyse des cellules
eucaryotes:
La
lyse des cellules sanguines met en jeu l’intervention de détergents ioniques qui
désorganisent la double couche de phospholipides des membranes cellulaires. Le
sang fraîchement recueilli (avec un anticoagulant comme l’EDTA) ou décongelé est
vigoureusement mélangé à une solution hypotonique pour faire éclater les
hématies dépourvues de noyaux. Les leucocytes sont alors récupérés par
centrifugation suivie d’un lavage avec la même solution hypotonique. Ils sont
ensuite traités par un mélange de détergent, comme le SDS (Sodium
DodécylSulfate) qui permet de désagréger les membranes
cellulaires et de libérer les contenus cytoplasmiques et nucléaires. En
biochimie classique et pour d’autres applications, il faut d’abord séparer les
noyaux du contenu cytoplasmique et de ces organites cellulaires. Un traitement
par la protéinase K (une protéase) permet de libérer le DNA nucléaire en
digérant les histones qui lui sont associées dans les chromosomes eucaryotes. L'élimination
des protéines non digérées et des lipides se réalise par des précipitions et
des extractions sélectives. Le mélange phénol-chloroforme permet de dénaturer
les protéines car non miscible à l’eau et de densité supérieure à cette
dernière. Les acides nucléiques n'y sont pas non plus solubles et restent dans
le surnageant aqueux. Pour les tissus, il est conseillé de les désagréger par
les techniques courantes de biochimie comme le broyage ou les ultrasons. Une
congélation préalable permet de transformer les tissus en une masse solide qui
se prête alors à un concassage par les techniques courantes de broyage.
L’extraction et la purification suivent alors le même protocole.
2. L’ADN des
procaryotes:
Escherischia
coli est la bactérie la plus utilisée pour
les analyses en biologie moléculaire. La lyse cellulaire utilise une enzyme :
le lysozyme qui permet de dégrader la membrane cellulaire. La
purification suit le même schéma que pour celle de l’ADN des eucaryotes.
3. L’extraction de
l’ADN par le mélange phénol / chloroforme:
Le
mélange phénol-chloroforme non miscible à l’eau permet de transférer les protéines
dans la phase organique alors que les acides nucléiques restent dans la phase
aqueuse. La phase aqueuse résultante peut subir plusieurs extractions par un mélange
chloroforme-éther pour éliminer les peptides restants, les traces de phénol et
des composés organiques qui y sont solubles.
Les acides nucléiques sont alors à récupérer
de la phase aqueuse par des précipitations à l’alcool éthylique ou à l’isopropanol.
On obtient alors les acides nucléiques sous la forme de fibres solides que l’on
récupère par centrifugation. Pour des études biochimiques fines de structure,
il convient de procéder à d’autres purifications. Pour les analyses génétiques
(application des diagnostics de routine), le DNA obtenu est de qualité
suffisante.
L'élimination de l'ARN peut
être effectuée à la fin ou avant l'étape phénolique. Pour cela, on utilise une
RNAase pure ou "DNAase free", c'est à dire, dépourvue d'activité
DNAase.
L’ADN récupéré sous
forme de fibres peut être conservé sous la forme solide pendant des temps très
longs. Il peut aussi être re-dissout dans un tampon stérile.
L’extraction
au phénol-chloroforme
nécessite beaucoup de temps, l’utilisation de produits chimiques dangereux et
plusieurs transferts de l’échantillon, ce qui l’expose à des risques de
contamination.
4-
Papier FTA :
Le
papier FTA est une chimie brevetée de la société Whatman. Cette chimie sur
matrice de cellulose permet d'une part la lyse des membranes des cellules
déposées et de leurs organelles suivie du largage des acides nucléiques qui
seront enchâssés et protégés dans les fibres du support. D'autre part, elle
inactive les phages, bactéries et virus rendant ainsi
inertes (pour le manipulateur et pour les acides nucléiques) les échantillons
collectés. Une fois secs, les acides nucléiques sont protégés de la dégradation
enzymatique, microbienne, oxydative ou par les radicaux libres, et peuvent être
conservés durant plusieurs années à température ambiante .
Un
prélèvement sur carte FTA consiste en la découpe, à l'aide d'un emporte-pièce,
d'une rondelle (punch) de 1,2
mm de diamètre imprégnée de sang (ou de salive) séché.
Le punch est lavé plusieurs fois puis séché à température ambiante et conservé
transitoirement à 4°C
ou utilisé directement en PCR.
5. Extraction
différentielle:
L’extraction différentielle est une version
modifiée de l’extraction organique; elle sépare les cellules épithéliales des
spermatozoïdes dans le cas des agressions sexuelles, ce qui permet de
différencier le profil masculin du profil féminin. Cette méthode implique la
lyse préférentielle des cellules épithéliale par une incubation dans un mélange
SDS/protéinase K, puis les cellules spermatiques sont lysées par traitement
avec le mélange SDS/Protéinase K/dithiothréitol (DTT). Le DTT permet de rompre
les ponts dissulfures présents dans la membrane nucléaire des spermatozoïdes.
La différence majeure avec la méthode d'extraction organique est l’incubation
initiale dans le mélange SDS/protéinase K sans la présence du DTT
6- Extraction des ARN:
Les
ARN sont plus difficiles à étudier parce qu’ils sont très sensibles aux
ribonucléases (RNase A) qui sont très actives et présentes même sur les doigts
du manipulateur. Elles peuvent résister à un traitement à 90°C pendant une
heure. Il faut donc des conditions de stérilité parfaite pour travailler avec
ces acides nucléiques. l’extraction, les tissus ou les cellules sont
homogénéisés dans un tampon acétate contenant :
- Un détergent puissant
(SDS ou sarcosyl)
- Un agent dissociant
(thiocyanate ou guanidine)
- Un agent réducteur
(DTT ou 2-mercaptoéthanol)
Ce type de tampon permet d’inhiber
les RNases endogènes, de dénaturer les acides nucléiques et de dissocier les
protéines. Après une centrifugation pour éliminer les débris cellulaires, les
RNA sont extraits suivant plusieurs techniques. La technique par précipitation
différentielle du RNA et du DNA en fonction du pH et de la concentration en
éthanol donne de très bons rendements. On peut également utiliser l’ultracentrifugation.
Le culot est récupéré, lavé avec le tampon acétate et précipité à l’éthanol. Il
peut se conserver congelé à –70°C pendant un an.
Purification
de l’ADN
Purification par
l’éthanol
-
La purification d’une solution d’ADN se
fait le plus souvent par précipitations répétées dans l’alcool.
-
Une solution d’ADN, portée à haute force
ionique par addition de NaCl 3 M (1/10 du volume), est additionnée d’un large
excès d’éthanol absolu à -20°C. Au bout de quelques minutes au maximum, on voit
apparaître un précipité blanchâtre, translucide et filamenteux (la « méduse »)
constitué de longs filaments d’ADN précipité.
-
On
recueille ce précipité par centrifugation à 10000 g pendant un quart d’heure
environ. Pour laver l’ADN on resuspend le précipité dans de l’éthanol à 75 %
toujours à -20°C. puis on centrifuge à nouveau. Le culot de cette dernière
centrifugation est égoutté, puis séché sous vide.
-
On peut conserver l’ADN à sec ou le
redissoudre immédiatement soit dans de l’eau pure stérile, soit dans un tampon
Tris-EDTA.
-
Purification du
RNA-poly(A)
•
Parmi
les acides ribonucléiques extraits des cellules, la classe la plus étudiée est
celle des ARN messagers. Ils se
caractérisent par la présence du côté 3’-terminal d’une longue queue poly(A)
synthétisée à la phase post-transcriptionnelle.
• On utilisera une chromatographie
d’affinité entre cette queue poly(A) et une colonne dont la phase fixe est pourvue de fragments
d’oligo(dT) de quelques dizaines de nucléotides qui peuvent
s’hybrider avec les RNA poly(A).
• Après avoir lavé la colonne en milieu
alcalin (potasse), on charge les RNA totaux à haute force
ionique (KCl 0,5 M) puis on rince la
colonne avec du KCl 0,1 M en surveillant l’absorbance de l’éluat à 260 nm pour
s’assurer de l’élimination des RNA non retenus par la colonne (rRNA, tRNA,...
). Enfin, on élue la fraction retenue par la colonne en abaissant la concentration
de KCl à 0,01 M et en élevant la température.
• Un micro essai avec la reverse
transcriptase permet de s’assurer de la qualité de ce RNA poly(A) comme matrice
pour la synthèse de cDNA.
II.
CONTRÔLE DE LA PURETÉ DE L'ADN EXTRAIT:
Le
maximum d'absorption des acides nucléiques se situe à 260 nm. Les protéines, principaux
contaminant des préparations absorbent aussi à 260 nm, mais avec maximum
d'absorption qui se situe vers 280 nm à cause des acides aminés aromatiques.
Le rapport R= A260nm / A280nm constitue alors
un bon moyen pour apprécier une éventuelle contamination de la préparation
d'ADN par les protéines ou par les RNA. Une contamination par les ARN se
traduit par une augmentation du rapport R.
Les
ARN étant en simple brin, le coefficient moyen d’absorption d’un nucléotide est
supérieur à celui du même nucléotide dans la double hélice à cause de l’hypochromisme.
R =
A260nm/A280nm
ADN pur: 1,8 < R < 2
ADN contaminé
par les protéines: R
< 1,7
ADN contaminé
par les ARN: R
> 2
En absence d'impuretés l'absorbance
de la solution d’ADN à 320 nm doit être autour de zéro.
III:
QUANTIFICATION DE L'ADN:
a. - Dosage colorimétrique de l'ADN:
Il
est basé sur la réaction spécifique des 2-désoxypentoses avec la diphénylamine.
En milieu acide à chaud, le 2-désoxyribose des nucléotides puriques peut être
libérés et former un composé bleu dont le maximum d'absorption se situe à 595 nm.
C’est la méthode classique pour mesurer des quantités importantes de DNA (de l’ordre
de quelques milligrammes).
b: Dosage par absorption U.V. de la
concentration en ADN:
A
260 avec un trajet optique de 1 cm, une unité d'absorbance correspond à une
concentration d’ADN double brin de 50 µg / ml. Une unité d’absorbance
correspond à 25 µg/ml de RNA ou d’ADN simple brin.
Malheureusement, cette
méthode est peu sensible pour manipuler des concentrations d'ADN inférieures à
250 hg/ml
c.
Dosage de l'ADN par fluorescence en présence de BET: Le
Bromure d'Ethidium (BET) interagit avec l'ADN en s’y intercalant et une fois
intercalé, le rendement de fluorescence du colorant devient cent fois plus
important. Le principe de la quantification consiste à comparer à l’œil nu
(estimation), ou mieux après photographie, l'intensité de la fluorescence émise
par l'ADN sur un gel d’électrophorèse. La quantification exacte consiste alors
à établir une courbe d’étalonnage donnant l’intensité de fluorescence d’une
solution de BET à laquelle on ajoute des quantités croissantes de DNA de
concentration connue. (Gamme d'étalonnage). Par cette méthode on peut déceler
des quantités de DNA de l’ordre de 50 hg/ml.
d.
Dosage fluorimétrique classique de l'ADN:
On
utilise un spectrofluorimètre pour mesurer l'intensité de la fluorescence d'une
solution d'ADN en présence d'un excès de BET. On compare ensuite les valeurs de
ces intensités avec celle d'une solution d'ADN standard (courbe standard). Le
BET peut être remplacé par un autre colorant pour augmenter la sensibilité de
la mesure. Cette méthode permet de mesurer des quantités d’ADN de l’ordre de
quelques picogrammes.
e-
Dosage par la PCR temps réel :
Intéressant à plusieurs titres manifestement reste à renforcer d'avantage le plog par des videos..invitant enseignant et étudiant à puiser leurs savoirs de ce site. Merci bon coutage et bonne continuation
RépondreSupprimerSur j'ai beaucoup aimé cet article
RépondreSupprimerIl m'a aidé pour mon exposé
TRES CLAIR ET TRES SYNTHETIQUE.
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